Ratio d’habitants par tatoueur : France, Europe, Monde
- EvoTattoo
- 18 juin
- 13 min de lecture
Introduction
Le secteur du tatouage connaît une croissance rapide en France et à l’international depuis une vingtaine d’années, portée par une demande en forte hausse et une acceptation sociale accrue du tattoo. Ce rapport présente d’abord le ratio d’habitants par tatoueur en France, en Europe et dans le monde, à partir des données les plus récentes. Il analyse ensuite les perspectives d’évolution du nombre de tatoueurs en France sur les 5 prochaines années, en tenant compte de l’évolution de la demande, des tendances du marché, des réglementations, de l’ouverture de nouveaux salons et de la professionnalisation du secteur. Des éléments graphiques et tabulaires illustrent les constats et projections clés.
Ratio d’habitants par tatoueur : France, Europe, Monde
Le nombre de tatoueurs (ou studios de tatouage) rapporté à la population permet de comparer la densité de professionnels du tattoo entre pays/régions. On exprime ci-dessous ce ratio en nombre d’habitants par tatoueur (plus le ratio est faible, plus la densité de tatoueurs est élevée).

En France
En France, le marché du tatouage s’est beaucoup développé ces dernières années. On estime qu’il y avait à minima 15 000 tatoueurs professionnels exerçant en 2024 (Profession | Syndicat National des Artistes Tatoueurs). Pour une population d’environ 68 millions d’habitants, cela représente environ 4 500 habitants par tatoueur. Ce ratio est l’un des plus bas (favorable aux clients) au monde. En comparaison, il n’y avait qu’une vingtaine de tatoueurs dans tout le pays au milieu des années 1980 (Profession | Syndicat National des Artistes Tatoueurs), et environ 100 vers la fin des années 1980 (Bilan de l’année 2018 de notre association - Tatouage & Partage) – signe d’une explosion du nombre de professionnels. Le nombre de salons de tatouage en France est estimé autour de 5 000 studios en 2018 (Les chiffres du tatouage en France - Salon de tatouage à Toulouse). Ces chiffres traduisent une forte densité de tatoueurs en France, conséquence de la popularisation récente du tattoo (18 % des Français étaient tatoués en 2018, contre 10 % en 2010 (Existe-t-il des études sociologiques sur l'engouement pour les tatouages, au sein des pays de l'OCDE ? | Eurêkoi)). En 2018, on évaluait déjà à plus de 10 000 le nombre de professionnels du tattoo en France (Bilan de l’année 2018 de notre association - Tatouage & Partage), réalisant environ 15 000 tatouages par jour (Bilan de l’année 2018 de notre association - Tatouage & Partage) – un volume remarquable qui illustre la démocratisation de cette pratique.
En Europe
La densité de tatoueurs en Europe varie selon les pays, mais reste globalement moins élevée qu’en France. D’après les données disponibles :
Italie : environ 2 800 tatoueurs en 2019 (Da marchio di infamia a moda, tatuaggi per il 12,8% degli italiani - Stili di Vita - ANSA.it) pour ~60 millions d’habitants, soit ~21 000 habitants par tatoueur. Cela s’explique en partie par un grand nombre de clients tatoués (près de 13 % des Italiens étaient tatoués en 2015 (Da marchio di infamia a moda, tatuaggi per il 12,8% degli italiani - Stili di Vita - ANSA.it), voire 48 % selon un sondage de 2018) contre un nombre de tatoueurs officiels relativement restreint.
Royaume-Uni : on dénombrait 3 394 salons en 2023 (Doubling in UK tattoo studios 'thanks to surge in DIY-tattooists and unscrupulous owners' - but they've 'run out of skin' - Mancunian Matters) pour ~67 millions d’habitants, soit environ ~19 700 habitants par studio. Le nombre de shops britanniques a plus que doublé entre 2014 et 2023 (Doubling in UK tattoo studios 'thanks to surge in DIY-tattooists and unscrupulous owners' - but they've 'run out of skin' - Mancunian Matters), témoignant d’un boom récent. (Notons qu’un salon peut employer plusieurs artistes, le ratio d’habitants par tatoueur individuel serait donc plus faible – possiblement autour de 10 000 par tatoueur au Royaume-Uni).
Allemagne : on estimait ~6 000 studios “légaux” en 2023 (Tätowieren als Hobby – Zwischen Kunst und Schwarzgeld | edit.Magazin) (~83 millions d’hab.), soit ~13 800 hab./studio. Cependant, le nombre de tatoueurs non déclarés y serait très élevé (jusqu’à 20 000 “clandestins” supplémentaires) (Tätowieren als Hobby – Zwischen Kunst und Schwarzgeld | edit.Magazin). Si l’on inclut ces derniers, la densité en Allemagne atteindrait environ ~3 200 habitants par tatoueur, proche du niveau français. Ce cas illustre l’écart entre les statistiques officielles et la réalité du terrain dans certains pays.
En moyenne européenne, aucune donnée exhaustive n’existe, mais on peut estimer un ordre de grandeur. En agrégeant les grands pays (France ~15k tatoueurs, Allemagne possiblement 10k+ tatoueurs, Italie ~3k, Royaume-Uni ~5-6k artistes, Espagne et autres quelques milliers chacun), on peut extrapoler entre 40 000 et 50 000 tatoueurs en Europe. Pour une population d’environ 750 millions d’habitants (continent européen), cela suggérerait autour de 15 000 à 20 000 habitants par tatoueur en moyenne. Ce chiffre moyen cache de fortes disparités : les pays d’Europe du Nord et de l’Ouest (Italie, pays scandinaves, Royaume-Uni, Espagne, France) présentent les taux de population tatouée et de tatoueurs les plus élevés, tandis que dans d’autres pays le tattoo est moins répandu.
(Which Country's Residents Have the Most Tattoos? - WorldAtlas) Figure 1: Pourcentage de la population ayant au moins un tatouage par pays (2018). On observe qu’en Italie près d’une personne sur deux est tatouée (48 %), contre un peu plus d’un tiers en France (36 %) (Existe-t-il des études sociologiques sur l'engouement pour les tatouages, au sein des pays de l'OCDE ? | Eurêko). Ces écarts de popularité se reflètent dans la densité de tatoueurs : les pays où le tatouage est très courant (Italie, pays anglo-saxons…) tendent à avoir plus de tatoueurs par habitant.
Dans le monde
Au niveau mondial, la densité de tatoueurs par habitant est bien plus faible qu’en Europe occidentale, du fait que le tatouage est moins courant dans de nombreuses régions (pays d’Asie, d’Afrique ou du Moyen-Orient notamment). Il n’existe pas de recensement global des tatoueurs, mais on peut s’appuyer sur quelques indicateurs :
États-Unis : environ 20 000 salons de tatouage étaient en activité en 2023 (Tattoo Parlors - Freakonomics) pour ~332 millions d’habitants, soit un ratio d’environ 1 salon pour 16 600 habitants. Le marché américain du tattoo est l’un des plus développés (32 % des Américains adultes sont tatoués (Tattoo Parlors - Freakonomics)).
Monde : la taille du marché mondial du tatouage était estimée à ~2,2 milliards USD en 2024 (Taille, croissance, prévisions du marché du tatouage | Tendances de l'industrie [2032]). En extrapolant le nombre de tatoueurs dans le monde entier, on peut estimer quelques dizaines de milliers de tatoueurs au total à l’échelle mondiale. Par exemple, si l’Europe représente ~33 % du marché (Taille, croissance, prévisions du marché du tatouage | Tendances de l'industrie [2032]) avec ~50 000 tatoueurs estimés, on pourrait déduire on the same basis ~150 000 tatoueurs dans le monde. Cela correspondrait grossièrement à 1 tatoueur pour 50 000 habitants sur la planète (pour ~8 milliards d’habitants). Bien sûr, cette moyenne masque de grands écarts : certains pays urbains et occidentalisés ont un tatoueur pour quelques milliers d’habitants, alors que dans de vastes régions rurales ou conservatrices, ce ratio peut atteindre un tatoueur pour plusieurs centaines de milliers de personnes.
En résumé, la France bénéficie d’une forte densité de tatoueurs (≈4 à 5 milliers d’habitants par tatoueur), supérieure à la moyenne européenne, tandis que la moyenne mondiale se situe dans des ordres de grandeur bien plus élevés (potentiellement dizaines de milliers d’habitants par tatoueur). Le tableau suivant synthétise ces ordres de grandeur :
Région | Population (dernières données) | Nombre de tatoueurs (approx.) | Habitants par tatoueur (ratio) |
France | ~15 000 | ~4 500 hab./tatoueur | |
Europe (UE/OCDE) | ~500 millions | ~30 000 – 50 000 (estimation) | ~10 000 – 20 000 hab./tatoueur |
Monde | ~8 milliards | ~100 000 – 150 000 (estimation) | ~50 000 hab./tatoueur (ordre de grandeur) |
NB: Ces chiffres doivent être pris avec prudence en raison des incertitudes (tatoueurs non déclarés, méthodes de recensement différentes). Ils illustrent néanmoins des tendances claires : la France et les pays occidentaux ont une concentration de tatoueurs bien plus forte que la moyenne mondiale, reflétant l’engouement pour le tatouage dans ces sociétés.
Progression du nombre de tatoueurs en France sur 5 ans (perspectives)
À partir de la situation actuelle, nous évaluons l’évolution possible du nombre de tatoueurs en France sur les cinq prochaines années. Au-delà de la simple extrapolation des tendances passées, il faut considérer plusieurs facteurs susceptibles d’influencer la croissance du secteur :
Évolution de la demande
Le public français tatoué continue de s’élargir. La proportion de Français ayant au moins un tatouage a presque doublé en moins de 10 ans (enquêtes Ifop : ~10 % en 2010, 14 % en 2016, puis 18 % en 2018 (Existe-t-il des études sociologiques sur l'engouement pour les tatouages, au sein des pays de l'OCDE ? | Eurêkoi)). Les jeunes générations sont particulièrement concernées (près d’un tiers des moins de 35 ans étaient tatoués en 2018 (Existe-t-il des études sociologiques sur l'engouement pour les tatouages, au sein des pays de l'OCDE ? | Eurêkoi)). Ce renouvellement générationnel suggère que la demande de tatouage va continuer à augmenter à moyen terme, à mesure que les générations plus âgées (peu tatouées) sont remplacées par des générations pour qui le tattoo est banalisé. Par ailleurs, les personnes déjà tatouées sont souvent enclines à refaire un tatouage (61 % des tatoués français se disent prêts à retenter l’expérience (Existe-t-il des études sociologiques sur l'engouement pour les tatouages, au sein des pays de l'OCDE ? | Eurêkoi)), ce qui alimente un marché captif récurrent. On peut donc s’attendre à ce que le nombre de clients potentiels par tatoueur reste élevé ou croisse encore légèrement dans les prochaines années, ce qui incitera de nouveaux artistes à entrer sur le marché. Néanmoins, un léger ralentissement de la croissance de la demande n’est pas exclu à terme, dans la mesure où certains segments de population pourraient atteindre un niveau de saturation (par exemple, au-delà de 40-50 % de personnes tatouées, la croissance se tasse naturellement). À court terme (5 ans), la dynamique reste orientée à la hausse.
Tendances du marché et modes
Les tendances socioculturelles jouent un rôle important. Le tatouage s’est imposé comme un phénomène de mode durable, avec une diversification des styles et des influences (tatouages minimalistes, géométriques, réalistes, traditionnels, etc.). Cette effervescence artistique stimule l’intérêt du public. Comme le note un professionnel, « au fil des années, notre métier se démocratise… le tatouage s’inscrit de plus en plus dans notre environnement avec des nouveaux styles qui émergent constamment » (Les chiffres du tatouage en France - Salon de tatouage à Toulouse). Les réseaux sociaux et Internet contribuent également à populariser le tattoo, en offrant une vitrine aux artistes et en inspirant de nouvelles clientèles. Ces conditions de marché favorables ont jusqu’ici soutenu une croissance à deux chiffres du secteur (le marché mondial du tatouage croît d’environ +10 % par an en valeur (Taille, croissance, prévisions du marché du tatouage | Tendances de l'industrie [2032])). En France, on a observé une forte augmentation de l’offre tout au long des années 2010 pour suivre cette demande : « chaque année, des centaines de nouveaux tatoueurs s’installent », ce qui a “fait exploser l’offre” (Bilan de l’année 2018 de notre association - Tatouage & Partage). À court terme, il est probable que ces tendances continuent d’attirer de nouveaux entrants (apprentis tatoueurs, reconversions professionnelles vers ce métier-passion). Toutefois, il convient de surveiller le risque de saturation. Certains signes montrent que le marché arrive à maturité : au Royaume-Uni, par exemple, le nombre de studios a commencé à diminuer légèrement en 2024 après 10 ans de forte hausse, indiquant un marché saturé localement (Doubling in UK tattoo studios 'thanks to surge in DIY-tattooists and unscrupulous owners' - but they've 'run out of skin' - Mancunian Matters). De même, en France, le boom du nombre de tatoueurs a engendré une concurrence intense. D’après le SNAT, « la concurrence exponentielle [...] a formé un marché saturé » ces dernières années (Profession | Syndicat National des Artistes Tatoueurs), au point que de nombreux tatoueurs peinent à remplir leur carnet ou à en vivre correctement. Cette saturation du marché pourrait freiner la création de nouveaux salons à l’avenir, voire conduire à une consolidation (fermeture des studios les moins rentables). En somme, le marché français du tatouage reste en croissance, mais tend vers une phase de maturation où le rythme d’ouverture de studios pourrait ralentir.
Cadre réglementaire et hygiène
Les réglementations peuvent à la fois freiner ou structurer la progression du secteur. En France, l’exercice du tatouage est soumis depuis 2008 à une formation obligatoire en hygiène et salubrité (prévention des risques sanitaires). Cette exigence, relativement courte, n’a pas empêché l’afflux de nouveaux tatoueurs, mais garantit un niveau minimal de compétences sanitaires. Un événement marquant a été l’entrée en vigueur en janvier 2022 de la réglementation européenne REACH sur les encres, qui a restreint ou interdit de nombreux pigments jugés à risque. Concrètement, début 2022 environ 4 000 substances utilisées dans les encres ont vu leurs seuils autorisés abaissés, et 25 pigments ont été interdits, dont deux couleurs très courantes (le bleu 15:3 et le vert 7 à partir de 2023) (Tatouage : un bouleversement en Europe pour 2022 !) (Tatouage : un bouleversement en Europe pour 2022 !). Le SNAT estime ainsi que « 60 % des gammes de couleurs » sont devenues inutilisables suite à cette réglementation. Cette mesure a suscité une levée de boucliers des professionnels, car elle a complexifié leur pratique (obligation de reformuler les encres, palette de couleurs réduite). À court terme, cela a pu ralentir l’activité de certains tatoueurs (en particulier les spécialistes de la couleur) et décourager temporairement l’installation de nouveaux artistes, le temps que l’offre d’encres s’adapte. Néanmoins, l’industrie a commencé à proposer des encres de remplacement conformes, et aucun exode massif de tatoueurs n’a été constaté. À l’avenir, le cadre réglementaire pourrait encore évoluer – par exemple vers une professionnalisation accrue (création d’un diplôme officiel, code de déontologie, etc.). Des discussions ont eu lieu en 2018-2019 autour d’un code de déontologie et d’une possible certification professionnelle pour les tatoueurs (Bilan de l’année 2018 de notre association - Tatouage & Partage). Si de telles mesures voient le jour (diplôme national, registre officiel des tatoueurs, etc.), cela pourrait hausser la barrière à l’entrée dans le métier, filtrant les candidats et potentiellement ralentissant la croissance du nombre de tatoueurs (tout en améliorant la qualité et la sécurité, ce qui pourrait renforcer la confiance du public et donc la demande à long terme). En résumé, la réglementation est un facteur à double tranchant : les normes d’hygiène élevées et l’encadrement des encres protègent les clients et professionnalisent le secteur, mais peuvent limiter l’arrivée de nouveaux acteurs ou pousser une partie de l’activité dans l’illégalité (tatoueurs non déclarés ou utilisant d’autres encres). L’impact global sur les chiffres à 5 ans devrait rester modéré, les ajustements du secteur ayant déjà en partie eu lieu.
Ouverture de nouveaux salons et concurrence
L’ouverture de nouveaux salons de tatouage en France a été massive durant la dernière décennie, accompagnant la montée de la demande. On est passé d’environ 3 500–4 000 studios vers 2016 (Les chiffres du tatouage en France - Tattoos.fr) à près de 5 000 studios en 2018 (Les chiffres du tatouage en France - Salon de tatouage à Toulouse), et sans doute davantage en 2023 (tendance similaire au doublement observé au Royaume-Uni (Doubling in UK tattoo studios 'thanks to surge in DIY-tattooists and unscrupulous owners' - but they've 'run out of skin' - Mancunian Matters)). Cela équivaut à plusieurs centaines de nouvelles ouvertures par an ces dernières années. À court terme, on peut s’attendre à ce que de nouveaux salons continuent d’apparaître, notamment dans les zones géographiques encore sous-dotées (petites villes, zones rurales où il n’y a parfois pas de tatoueur local et où la demande existe). La facilité d’entrée relative dans ce métier – statut d’auto-entrepreneur, faible investissement matériel de départ, absence de diplôme obligatoire – a jusqu’ici favorisé cette prolifération. Toutefois, comme souligné plus haut, le risque de suroffre se profile : beaucoup de villes moyennes disposent désormais de plusieurs studios, et les grandes agglomérations en comptent des dizaines, ce qui intensifie la concurrence locale. Dans un marché saturé, ouvrir un nouveau salon devient plus risqué économiquement, et la fermeture de salons existants pourrait commencer à compenser en partie les nouvelles créations. On voit déjà apparaître des signaux d’alerte : « le marché est saturé et de nombreux artistes n’arrivent plus à en vivre correctement », note-t-on dans le milieu . Il est donc probable que le rythme net d’ouverture de studios ralentisse sur les 5 prochaines années. Au lieu d’une croissance exponentielle comme de 2010 à 2020, on pourrait s’orienter vers une phase de stabilisation avec un solde net annuel plus faible (certaines années, presque autant de fermetures que d’ouvertures, surtout si la conjoncture économique est défavorable). Néanmoins, le solde devrait rester positif tant que la demande continue de croître.
Professionnalisation du secteur
Le statut des tatoueurs en France reste ambigu : ce sont des travailleurs indépendants (profession libérale non réglementée), parfois assimilés à de l’artisanat. Il n’existe qu'une certification en technique de tatouage en France avec une reconnaissance officielle . Cependant, on assiste à une volonté accrue de structuration de la profession. Par exemple, l’association Tatouage & Partage et d’autres ont milité pour un code de déontologie et la définition d’un statut officiel depuis 2018 (Bilan de l’année 2018 de notre association - Tatouage & Partage) ou l'arrivée d'application mobile comme Tattoomorrow pour aider les tatoueurs à mieux s'organiser et se structurer pour être conforme aux réglementations. Une meilleure organisation de la filière (syndicats actifs comme le SNAT, événements professionnels) peut avoir plusieurs effets : elle peut élever le niveau de compétence moyen (via des formations, échanges de bonnes pratiques), améliorer l’image du métier, et ainsi attirer de nouveaux talents motivés. D’un autre côté, la professionnalisation s’accompagne souvent d’une réglementation plus stricte (par exemple un examen pour obtenir la certification ou une formation longue obligatoire pour s’installer). Si tel était le cas, l’accès au métier pourrait devenir plus sélectif, limitant l’arrivée de tatoueurs improvisés. À horizon 5 ans, il est probable qu’on reste dans un schéma transitoire : pas encore de diplôme national imposé (cela prend du temps à mettre en place), mais de plus en plus de tatoueurs choisissent de se former sérieusement (apprentissage auprès de mentors, stages hygiène, etc.) et de se regrouper en associations. La montée en compétence générale pourrait évincer progressivement les amateurs illégaux au profit de professionnels déclarés, ce qui ferait baisser le nombre de “tatoueurs” si l’on compte tout le monde, mais augmenter le nombre de tatoueurs officiels reconnus. En clair, on pourrait assister à un assainissement du marché : une croissance plus qualitative que quantitative, avec un nombre de tatoueurs augmentant moins vite, mais une profession mieux établie.
Estimation chiffrée de la progression sur 5 ans
Compte tenu de l’ensemble de ces facteurs, voici une projection plausible du nombre de tatoueurs en France d’ici cinq ans :
Base 2024 : ~15 000 tatoueurs professionnels actifs (Profession | Syndicat National des Artistes Tatoueurs).
Échéance 5 ans (2029) : 18 000 à 20 000 tatoueurs.
Ce scénario correspond à une croissance modérée d’environ +3 à +5 % par an du nombre de tatoueurs, ce qui est bien moins qu’au cours de la décennie précédente (où l’on était plus proche de +10 % par an, passant de ~4 000 studios en 2013 à 10 000 tatoueurs en 2018 (Bilan de l’année 2018 de notre association - Tatouage & Partage) (Les chiffres du tatouage en France - Tattoos.fr)). Cette décélération anticipée s’explique par la saturation progressive du marché et un environnement plus concurrentiel. Autrement dit, le secteur devrait continuer à croître en valeur (plus de clients tatoués, plus de dépenses en tatouages), mais le nombre d’acteurs va tendre vers un palier d’équilibre.
On peut illustrer cette projection par le tableau suivant :
Année | Nombre de tatoueurs en France (estimation) |
2018 | |
2024 | ~15 000 |
2029 | ~18 000 – 20 000 (proj.) |
Lecture: En 2018, on comptait déjà plus de 10 000 tatoueurs en France (Bilan de l’année 2018 de notre association - Tatouage & Partage). En 2024, ce chiffre avoisine les 15 000 (Profession | Syndicat National des Artistes Tatoueurs). D’ici 2029, le nombre pourrait atteindre autour de 18 à 20 000 si la tendance se maintient, avec un ralentissement du taux de croissance annuel.
Conclusion
À l’horizon 5 ans, la France devrait conserver l’un des ratios habitants/tatoueur les plus faibles au monde, grâce à un engouement toujours fort pour le tatouage. Le nombre de tatoueurs continuera vraisemblablement d’augmenter pour répondre à la demande, mais plus lentement qu’auparavant, en raison d’un marché désormais bien pourvu et de conditions d’exercice plus strictes. L’industrie du tatouage en France entre dans une phase de maturité, marquée par la recherche d’un équilibre entre offre et demande, et une professionnalisation accrue gage de pérennité pour les acteurs en place. En définitive, le tattoo en France devrait poursuivre son inscription durable dans le paysage culturel et économique, avec une croissance soutenable du nombre de ses artisans plutôt qu’une nouvelle explosion quantitative.
Sources : Statistiques issues d’enquêtes Ifop, données de syndicats professionnels (SNAT), presse spécialisée et études de marché, telles que référencées ci-dessous.